Musicothérapie : types de musique et utilisations en thérapie

Femme détendue écoutant de la musique thérapeutique

Une ordonnance ne dicte jamais le tempo d’une séance de musicothérapie. Pourtant, dans certains hôpitaux ou établissements, le choix musical s’arrête net aux frontières du classique ou du traditionnel. Étonnant, quand on sait que des succès cliniques jalonnent tout le spectre, du jazz à la pop, des chansons populaires aux nappes électroniques.

Les recherches cliniques sont formelles : la musique, qu’elle berce ou stimule, aide à dompter douleur et anxiété. Nul style ne l’emporte universellement sur l’autre. Ici, chaque sélection se fait sur-mesure, pensée pour la personne, pour ses besoins, pour le cap thérapeutique fixé.

La musicothérapie, une approche thérapeutique aux multiples facettes

La musicothérapie n’est plus une curiosité. Elle s’est structurée, encadrée, professionnalisée. Portée par la fédération française de musicothérapie (FFM) et la société française de musicothérapie, adossée à la fédération mondiale de musicothérapie, elle s’inscrit dans le vaste mouvement de l’art-thérapie. Les praticiens se forment dans des cursus validés, respectent un code de déontologie, obtiennent une certification, autant de garanties pour accompagner au plus près.

Le terrain, lui, change de visage au gré des contextes. À Paris, à Nantes, partout en France, le musicothérapeute reçoit des enfants aux troubles du développement, des adultes vivant avec une maladie chronique, des personnes suivies en soins palliatifs. Les outils varient : écoute attentive, improvisation instrumentale ou vocale, jeux rythmés. L’intention demeure : installer une relation thérapeutique propice à l’expression, à la communication ou à la motricité, selon la demande et le parcours de vie.

Ce métier attire des profils multiples : soignants, psychologues, musiciens. Tous partagent une solide formation professionnelle, sciences, clinique, éthique, pour exercer dans des cadres divers : hôpital, centre de rééducation, maison de retraite ou domicile. À chaque lieu, sa manière d’adapter l’accompagnement, son tempo, sa couleur sonore.

Quels types de musique sont utilisés en séance, et pourquoi ?

Le choix des types de musique en séance de musicothérapie n’est jamais laissé au hasard. Il se fonde sur l’identité sonore propre à chaque patient, ce que les professionnels appellent l’ISO. Cette approche cible les œuvres ou sons qui résonnent avec l’histoire, les goûts, la sensibilité de la personne. L’objectif : construire un lien musical authentique, au service du soin.

En musicothérapie réceptive, la session s’articule souvent autour de l’écoute de musique enregistrée. Le répertoire s’ouvre largement : classique, chanson française, jazz, musiques du monde, créations contemporaines. On mobilise la mémoire, on active l’émotion, on favorise la détente. Certaines méthodes, comme la méthode Tomatis ou le programme Soundsory, s’appuient sur des fréquences précises, des rythmes pensés pour renforcer attention, équilibre ou perception sensorielle.

Mais la musicothérapie ne s’arrête pas là. L’improvisation musicale occupe une place essentielle dans de nombreux dispositifs. Percussions, claviers, objets sonores variés : la créativité du patient prend le relais du mot. Le dialogue devient sonore, l’échange se fait sans paroles, libérant parfois ce qui résistait à l’expression verbale. Les séances s’ajustent en continu, guidées par les réactions, le cheminement, les besoins du moment.

Voici les grandes approches musicales utilisées en séance, chacune répondant à des objectifs précis :

  • Musique enregistrée : pour soutenir l’écoute, réactiver des souvenirs, favoriser la relaxation.
  • Improvisation instrumentale : pour encourager l’expression personnelle, stimuler l’interaction, développer la créativité.
  • Techniques spécifiques (Tomatis, Soundsory) : pour moduler la perception sensorielle, améliorer l’attention, travailler sur le schéma corporel.

La musicothérapie se distingue ainsi par sa capacité d’adaptation, capable de puiser dans tout le paysage musical pour répondre à des besoins précis, en tissant un lien vivant entre patient, thérapeute et univers sonore.

Les bienfaits émotionnels et physiques observés grâce à la musicothérapie

La musicothérapie, croisée de l’art et du soin, agit sur plusieurs fronts. Les bénéficiaires, adultes, enfants, seniors, rapportent rapidement une évolution dans leur façon d’affronter stress, anxiété ou douleur chronique. Les séances offrent un espace pour libérer les émotions, parfois difficiles à nommer, et ouvrent la voie à une parole plus libre. Chez les personnes vivant avec des troubles psychiques ou la maladie d’Alzheimer, ces dispositifs facilitent la communication, même lorsque les mots font défaut.

Au-delà du psychisme, la musique module aussi le corps : ralentissement du rythme cardiaque, détente musculaire, baisse de la tension artérielle. Les neurosciences montrent que la plasticité cérébrale s’en trouve stimulée, avec des bénéfices notables pour la rééducation neurologique ou la prise en charge des troubles du langage.

Pour illustrer concrètement ces bénéfices, voici les principaux effets observés chez les patients :

  • Réduction de l’anxiété et du stress : beaucoup évoquent un calme intérieur durable après la séance.
  • Diminution de la perception de la douleur : la musique devient un allié non médicamenteux, parfois décisif.
  • Amélioration de la communication : la pratique musicale ouvre de nouveaux canaux, essentiels lorsque la parole est entravée.
  • Stimulation cognitive : mémoire, attention, repères spatiaux se renforcent avec la régularité des séances.

Résultat : une qualité de vie qui progresse, en particulier pour les personnes confrontées à la maladie chronique ou neurodégénérative. Les proches remarquent des changements concrets : davantage d’échanges, moins d’agitation, une adaptation plus sereine aux aléas du quotidien.

Jeune musicothérapeute jouant de la guitare avec un patient âgé

Envisager la musicothérapie : pour qui, dans quels contextes et avec quels résultats ?

La musicothérapie touche des publics très variés. Enfants présentant des troubles du spectre autistique (TSA), patients atteints de maladies neurologiques, personnes âgées vivant avec la maladie d’Alzheimer ou un déclin cognitif : tous trouvent dans la musique un espace d’expression et de soutien. La pratique s’adresse aussi aux personnes confrontées à des troubles psychiques, à la dépression ou à l’anxiété, autant d’indications fréquentes en séances de musicothérapie.

Les lieux d’intervention reflètent cette diversité. Centres de réhabilitation ou maisons de retraite font appel à la musique pour stimuler la mémoire, réveiller la motricité, apaiser les tensions. À l’hôpital, elle s’intègre aux soins palliatifs, accompagne la gestion de la douleur et soutient les émotions en fin de vie. Même le milieu carcéral recourt à la musicothérapie pour favoriser la gestion émotionnelle et la reconstruction du lien social.

Les résultats, relayés par les publications scientifiques et les retours des équipes, sont nets : meilleure stabilité émotionnelle, comportements apaisés, communication enrichie, bien-être global renforcé. Les séances se pratiquent en individuel ou en groupe, selon les besoins. À domicile, la musicothérapie s’adresse aussi aux personnes isolées ou en perte d’autonomie, toujours avec le même objectif : préserver la qualité de vie et réinventer le lien à soi, aux autres, au monde sonore.

La musicothérapie ne promet pas de miracle, mais elle s’invite comme une ressource concrète, adaptable et profondément humaine. Son efficacité repose sur sa capacité à écouter, à ajuster, à faire résonner. Peut-être n’a-t-on pas tous besoin du même accord, mais chacun peut y trouver sa propre harmonie.