Vaccin contre le zona : est-il possible de le payer ?

La vraie douleur, ce n’est pas la piqûre. C’est le montant qui tombe après le vaccin contre le zona, un chiffre qui fait parfois frissonner davantage que la seringue elle-même. Entre promesses de prévention et factures inattendues, la question du paiement s’invite dans la conversation, souvent à voix basse, entre deux portes du cabinet médical.

La protection contre cette maladie a-t-elle forcément un prix qui pique ? Entre remboursements partiels, reste à charge et variations d’une région à l’autre, le parcours du patient ressemble à une chasse au trésor… ou au ticket de caisse. La piqûre du portefeuille, elle, ne connaît pas de frontière.

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Comprendre le zona et les enjeux de la vaccination

Le zona ne fait pas dans la discrétion. Cette maladie, c’est le retour inattendu du virus varicelle-zoster (VZV), celui-là même qui a causé la varicelle dans l’enfance. Tapi dans les ganglions nerveux pendant des années, il peut ressurgir sous la forme d’une éruption douloureuse, avec parfois des douleurs persistantes à la clé. Les douleurs post-zostériennes, redoutées pour leur intensité et leur longévité, peuvent transformer le quotidien en calvaire.

En France, 300 000 personnes font chaque année les frais du zona, surtout après 60 ans. Plus l’âge avance, plus le système immunitaire baisse la garde, et le risque grimpe. Les patients immunodéprimés sont en première ligne. Outre les douleurs, le zona est capable de provoquer des ennuis sérieux : inflammations cérébrales, voire, plus rarement, des formes de démence liées à l’inflammation. Une étude de Stanford est même venue rappeler que la vaccination pourrait réduire ce risque de 20 %.

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Depuis 2016, la vaccination contre le zona a trouvé sa place dans le calendrier vaccinal français, avec un objectif clair : limiter les formes sévères et surtout éviter les fameuses névralgies postzostériennes. Un enjeu de santé publique, évidemment, face à une population vieillissante et donc plus exposée à la réactivation du virus.

  • Le virus varicelle-zoster déclenche la varicelle, puis reste à l’affût dans l’organisme.
  • Il peut refaire surface des années après, sous la forme du zona.
  • 10 à 20 % des cas entraînent des douleurs post-zostériennes, surtout après 70 ans.

Prévenir le zona et ses complications, c’est donc miser sur la vaccination, en ciblant d’abord les seniors et les personnes dont la défense immunitaire vacille.

Qui peut bénéficier du vaccin et dans quelles situations ?

Depuis 2024, un nom s’impose : Shingrix. Ce vaccin recombiné, boosté par adjuvant, affiche une efficacité supérieure à 79 % contre le zona et atteint 87 % contre les douleurs post-zostériennes. La Haute Autorité de santé (HAS) trace une ligne claire : Shingrix est recommandé pour deux groupes prioritaires :

  • Les adultes de 65 ans et plus, qu’ils aient eu ou non un épisode de zona, ou déjà reçu Zostavax (à condition de respecter un an d’écart entre les deux vaccins).
  • Les personnes immunodéprimées dès 18 ans, qui courent un risque accru de formes graves.

Le protocole est simple : deux doses, à deux mois d’intervalle. Shingrix peut être prescrit et injecté aussi bien par des médecins que par des pharmaciens, infirmiers, ou biologistes médicaux. Résultat : l’accès est facilité, y compris dans les pharmacies de quartier.

Jusqu’à l’arrivée de Shingrix, Zostavax restait en lice pour les 65-74 ans. Mais ce vaccin était exclu chez les immunodéprimés, et son efficacité plafonnait à 46 %. Il a quitté la scène française en 2024.

Autre avantage : la vaccination peut se coupler avec d’autres, comme la grippe, le Covid, les pneumocoques, ou le diphtérie-tétanos-coqueluche. Un moyen de protéger les plus exposés, surtout lors des campagnes vaccinales annuelles.

Le coût du vaccin contre le zona : ce qu’il faut savoir

Le vaccin Shingrix, seul encore sur le marché français, affiche un prix public remboursé de 188,37 euros TTC la dose. Deux doses sont nécessaires : comptez donc un peu plus de 376 euros en tout. Sans ordonnance ou sans critère pour le remboursement, la facture peut grimper à 300 euros par dose, puisque le tarif devient libre en pharmacie.

Depuis décembre 2024, l’Assurance maladie en prend 65 % à sa charge pour les plus de 65 ans, ainsi que les adultes immunodéprimés ou à risque. Le reste peut, selon les cas, être couvert par une complémentaire santé. À titre de comparaison, l’ancien Zostavax coûtait 103,72 euros la dose, remboursée à 30 % — mais il n’est désormais plus disponible.

  • À l’hôpital, la prise en charge grimpe à 100 % entre mai et décembre 2024, pour les patients concernés.
  • En ville, la prescription et l’injection se font en pharmacie, chez le médecin, l’infirmier ou le biologiste médical, avec le même taux de remboursement.

La différence entre prix remboursé et prix libre suscite bien des questions, surtout pour ceux qui ne rentrent pas dans les critères. Pour eux, le vaccin reste accessible, mais il faudra y mettre le prix, notamment chez les adultes plus jeunes ou hors situations à risque.

Payer soi-même son vaccin : quelles démarches et alternatives ?

Rien n’empêche un adulte non éligible de demander le vaccin Shingrix en pharmacie. Il suffit d’une ordonnance, délivrée par un professionnel de santé (médecin, pharmacien, infirmier, biologiste médical). L’administration suit le schéma classique à deux doses, espacées de deux mois. Le coût total peut alors avoisiner les 600 euros si le pharmacien applique le tarif libre de 300 euros par injection.

Quant à la complémentaire santé, tout dépend du contrat. La plupart des mutuelles laissent le reste à charge intégral en l’absence de remboursement Sécu. Mieux vaut donc interroger son organisme avant de sortir la carte bleue.

Ce recours hors prise en charge concerne surtout :

  • Les moins de 65 ans sans antécédent particulier ou sans immunodépression ;
  • Ceux qui souhaitent anticiper leur vaccination malgré l’absence de recommandation officielle.

Pas d’alternative possible : hors Shingrix, rien n’existe pour se protéger. Le retrait de Zostavax du marché en 2024 ferme la porte à toute solution bis, même en accès libre. Ceux qui veulent éviter le zona devront donc se tourner vers Shingrix, en assumant le coût, si les critères de remboursement ne sont pas remplis.

La santé a parfois le goût amer de la facture. Mais un vaccin, c’est surtout un pari sur l’avenir : moins de douleurs, moins de complications, et peut-être un jour, une discussion où l’addition ne sera plus le sujet qui fâche.